dimanche 28 octobre 2007

L'insoutenable lourdeur de l'être

Dans le billet précédent, j'ai laissé la place à Bob afin qu'il exprime ses sentiments.

J'ai remarqué que le moral d'une manière générale, confronté au libertinage, semble se comporter comme un wagon de montagnes russes.

Si on y réfléchit un minimum, ce n'est pas le libertinage en lui même qui est la cause de ce comportement cyclotymique, mais bel et bien tout ce qu'il faut faire avant.

Le coté "drague" de la chose.
L'aspect purement technique, régulier, et souvent rédibitoire.

Rappelons que toute la méthode d'approche se fait principalement via des sites spécialisés, et nous amène donc à nous retrouver en contact avec des anonymes cachés derrière un clavier , un pseudo, et une connection internet.

Certains sont plein de promesses et s'avèrent creux.
D'autres, en revanche, discrets mais sympathiques s'avèrent des gens extraordinaires qui valent véritablement le coup de creuser un peu.

Parfois, nous tombons sur des gens délicieux, qui savent écrire correctement, avec qui il est aisé de communiquer, et avec qui il est possible de mettre en route un processus de rencontre.

Souvent, nous tombons sur des affamés flatteurs et maladroit dont le but unique est de placer leur queue au chaud, de préférence vite et gratuitement. Si en plus le couvert est offert, pourquoi se priver...

Nous avons eu aussi droit à des fantasmeurs, des menteurs, des collectionneurs de photos, des fausses femmes, des faux couples, des incultes totaux incapable d'ecrire un mot sans faute ou une phrase compréhensible, des indécis, des jamais dispos, des trop bien pour nous, trop beaux pour nous, trop riches pour nous (oui, on dirait pas comme ca, mais le systeme des classes sociales reste TRES présent sur les sites de libertinage...) etc.

Je ne vous referai pas la liste de Bob mais c'est vrai qu'il a raison, et c'est vrai que c'est usant.

Entre les bonnes surprises (plutot rares) et les pertes de temps, d'énergie, de volonté et surtout, au final, les grosses déceptions, le moral monte et descend, monte et descend, passant de "je suis tout extatique, on vient de passer un moment génial..." à "tous des cons, j'en ai marre, c'est une perte de temps et une source de frustration."

Bob en ce moment est dans une période creuse.
C'est cyclique.

A en avoir discuté avec d'autres hommes libertins (en couple principalement) le phénomène semble ne pas être isolé et toucher une bonne partie de nos males congénères.

Nous, les femmes, et en tout cas moi même, ne vivons pas cela de la même façon.

Ce serait vous mentir que de vous dire que je ne suis jamais déçue, abbatue, fatiguée et lassée de ce petit jeu. Mais cela m'atteint beaucoup moins, ou en tout cas tres differement.

Bob, comme certains autres hommes avec qui j'ai pu discuter sur le sujet aurait tendance a voir çà, à tenter de vivre çà de façon un peu fantasmatique.

Dans l'ideal, on discute avec qqun de sympa et de mignon, (homme, femme, couple, qu'importe), on l'invite, il vient, tout se passe bien, c'est merveilleux.

Pas de question, pas de prise de tête, pas de planification, tout cela est fun et léger.

Car un des attraits théoriques du libertinage est son coté léger justement.
Une façon de sortir de la lourdeur et de la pression quotidienne.

Un truc fun et sympa, des corps qui se découvrent sans lendemains, sans pression, sans prise de tête, c'est ludique et amusant, ca détend.

Cà, c'est un peu sur le papier.

En vrai, il faut faire un tri monumental, perdre des heures pour rien, et une fois qu'on a trouvé des gens sympas avec qui l'on aimerait sortir, il faut planifier, pour nous ou pour eux la garde du petit.
On sort les agendas, on appelle les babysitters ou la famille.
On fixe une date.

On attend.

Le moment arrive, on passe un bon moment, mais l'excitation du début est un peu retombée et surtout, çà a perdu tout son coté spontané.

La spontanéité, voila quelque chose dont Bob manque cruellement.

Je suis parfaitement consciente d'en être un peu la cause, ou du moins, de ne pas aider a ce que les choses soient plus spontanées.
"- Non, pas lui.
- Non, pas ce soir, il faut que je m'épile.
- Non ils sont bizzares eux.
- Oui, mais avec Tom, ca va pas etre possible la.
- Non, je veux discuter un peu avec d'abord
- Non ce soir j'ai beaucoup de boulot
- Oh non, ils habitent a perpète !
- Non, la, je suis vraiment crevée
- Ha ben la desolée, mais je suis indisposée
- Oui oui peut etre (non)
- Plus tard
- On verra
- Attend, je vais voir si on peut faire garder Tom le jeudi en huit ou alors le 14 du mois d'apres?"

Tu parle d'une spontanéité...
Tu parles de légereté...

On rêve, on imagine, on espère, on s'évade, et parfois, la réalité réelle, notre amie pleine de contrainte nous rappelle à l'ordre.

Bob avec son analogie de gestion de plan social n'est pas tombé loin de la réalité.

Il faut s'OR-GA-NI-SER...

En ce sens, la sortie en club est peut-être plus en adéquation avec ce coté léger :
D'abord, oui, on s'organise un minimum (faire garder notre progéniture), ensuite, on sort de chez nous, en laissant tous nos problèmes et notre stress derrière les portes verrouilées de notre demeure pour endosser une personalité noctambule et coquine, et aller caresser des corps dans la chaleur et la moiteur d'un lieu accueillant.

Encore faudrait il être moins timides que ce que nous sommes, être capables d'engager autour d'un verre la conversation avec des gens que nous ne connaissons pas . Sinon, la soirée échangiste peut vite se transformer en "je saute ma femme tout seul dans un lieu à la déco chargée. Certes, çà change de la maison, mais on est quand meme que tout les deux."

Une solution consiste à aller dans ce club ou ce sauna accompagné d'un ou de plusieurs autres couples, mais la, c 'est retour à la case départ: ces couples, il faut les avoir sous la main, donc les chercher, des gens à encore chercher en ligne, aiguille parmis les aiguilles, parmis les aiguilles...

Je me pose souvent la question de comment nous aurions pu vivre le libertinage si nous avions entamé ce voyage avant de devenir parents. Je me dis (peut etre dans un fatasme aboslu) qu'il eut été beaucoup plus simple de sortir quand bon nous semblait: on discute avec qqun en fin d'apres midi, ils ont l'air sympa, on dine vite à la maison, et on sort se rencontrer, chez eux, chez nous ou dans un bar.
Au pire, c'est nul, on rentre à la maison en en discutant et en rigolant.
Au mieux on passe une pure soirée.

Vision bête et basique d'une réalité alternative à laquelle on n'a jamais donné sa chance.

Ce que je vois maintenant, c'est qu'on est parents, qu'on a des responsabilités, qu'on ne peut se permettre de sortir tous les soirs, qu'on ne peut non plus ouvrir notre porte à tout le monde sans un minimum de vérification.
Du coup, ca demande un minimum de recherche, de temps, d'oganisation, de planification et c'est vrai que du coup, parfois, c'est lourd.

Peut etre que je me cache derriere toutes ces raisons, c'est en tout cas la question que je me pose de temps en temps.

Le libertinage, j'aime çà, la n'est pas la question.

Peut etre ai je plus de mal avec les rapports humain, avec la confiance, je ne sais pas vraiment.

Par exemple, savez vous que moi qui vous écrit ici, de manière assez simple, ouverte et sans chichi, vous livrant tout et n'importe quoi, j'ai un mal monstrueux a faire de meme de façon orale?
On ne dirait pas comme çà, hein...?
Et pourtant, demandez à Bob ce qu'il en pense et si il est facile d'avoir une conversation avec moi sur un sujet qui me concerne... Ha la politique, le cinema, les actualité, la philosphie, ni'mporte quoi oui, pas de soucis, mais parler de moi... non.

Je ne sais pas communiquer.

Bref, je cesse les disgréssions.

Nombres de raisons poussent donc à retarder ou planifier nos possibles rencontres calines.
C'est vrai que le fait d'être parent, et d'avoir un enfant en bas age n'empèche rien, mais ca change quand meme la donne, et pas uniquement au niveau purement garde d'enfant.

Pour vous donner une idée, j'ai commencé la rédaction de ce billet il y a maintenant une bonne heure.
J'ai été interrompue dans mon écriture pas moins de 27 fois par mon fils, dans des "MAMAAANNNNN???!!! je veux un bonbon, un gateau, un jouet kinder, j'ai besoin d'aide, je veux ci, je veux ca" et à chaque fois, je lâche le clavier, j'y vais, je répond, j'arrete ce que je faisais, je reprend, je repars".

La concentration n'est pas vraiment au rdv, la fatique elle finit par prendre le relais.

Parfois, en fin de journée, tout ce que je voudrai c'est me poser, dans le silence et le calme, sentir la peau de mon homme à mes cotés, sentir ses doigts caresser négligement mon dos ou même juste mon bras.

Parfois aussi ce que je voudrai c'est sortir de tout çà, m'évader dans des bras inconnus, passer un bon moment avec Bob et avec une ou plusieurs autres personnes, dans un moment de passion. ou même juste se reoncontrer et se découvrir, la, juste comme çà.

En aucun cas, ce que je voudrai le soir, c'est passer des heures sur msn ou sur un site echangiste quelquconque a lire des "lol", "tu suces", "elle est bonne ta femme" et autre "bjr" dans l'espoir improbable de peut-être, dans 3 semaines, se voir pour peut être voir si peut être on se plait ("non, nous aime pas coucher le premier soir, bla bla bla").

Le chat se mort la queue et parfois j'envie Bob pour son goût du risque, pour ce qui parfois, aux yeux de la vraie mère juive que je pourrai vraiment devenir si je ne fais pas gaffe passe pour de l'inconscience pure, pour ses vélléités a inviter qqun tres vite sans se poser de question (avant d'être freiné par sa femme pour X raison Cf plus haut) , pour ses envies assumées, pour plein de choses.

On a tous un travail à faire sur soi même, et moi, il faut que je me libère...
Que je me libère du taf, de mon role de maman, de mon role de vigile de la maison, du caracn dans lequel j'ia pu m'enfermer, des limites que je me suis posé, il faut que j'arrête parfois de me prendre la tête et que j'arrive à arréter d'angoisser sur le monde qui m'entoure.

J'y travaille.
En meme temps, sur les qualités intrinsèques de mes congénères, les infos ont tendance à me donner raison...
Ca n'aide pas.
J'ai donc pris le partie d'arréter de les regarder.

Du bon, du mauvais, de la joie, de la frustration, des bonnes surprises, des mauvaises, des gens exquis, des connards, comme disaient les grands philosophes contemporains Arnold et Willy : "Il faut de tout pour faire un monde, oui c'est vrai, tu sais."

Il faut donc tendre à l'équilibre, trouver un bon juste milieu pour espérer jouir, nous aussi, d'un peu de cette legereté qui nous fait tant défaut.

Et là et seulement là, pourrons nous esperer vivre quelque chose de beau, juste beau.

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