samedi 27 octobre 2007

Allo maman? Bobo

Un point important du libertinage n'a pas encore été abordé ici, et je pense pourtant qu'il entre en grande partie sur le choix de devenir ou non libertin.

Le sexe, tel que nous le connaissons maintenant, et je parle de ma génération (la trentaine) est indissociable du concept de maladie et de mort.

A l'inverse de nos aïeux qui découvrirent et expérimentèrent la liberté sexuelle à tout va, j'ai grandi dans un monde terrorisé par ce qu'on a d'abord appelé la maladie des gays, le SIDA.

A l'école, à la télé, dans les magazines, dans la bouche de mes parents, ma famille, de mes amis, de mes profs, et de Christophe Dechavanne, un seul mot d'ordre : "Sortez couverts".

Mon premier rapport sexuel (court et décevant mais faisant enfin de moi une femme légitime, du moins aux yeux de l'ex-vierge effarouchée que j'étais) fut vécu au travers de ce morceau de plastique. Les suivants ne dérogèrent pas à cette règle.

Pour moi, depuis l'adolescence, en bon chien de Pavlov, Sexe = plaisir, mais Sexe = avant tout mort potentielle.

Le nombre d'homme avec lesquels j'ai couché sans ce petit chapeau se comptent sur les doigts d'une main et a chaque fois qu'une connaissance me dit avoir eu des rapports non protégés avec une personne de passage, mon cerveau fait un tour sur lui même et je ne peux m'empêcher de penser, même si je ne le dit pas toujours, que mon ami(e) est un(e) fan(e) de la roulette russe ou un(e) inconscient(e) total(e).

J'ai fait une scène digne de Marthe Villalonga a Bob la première fois qu'il a été question d'aller dans un sauna échangiste. L'angoisse à l'état pur.

"Tu fera gaffe hein??? je compte sur toi, Bob !...
Non, sérieux, je compte sur toi...
Tu vérifie bien que le mec a mit une capote??!! non je dis ça parce que peut être moi, dans la position ou je suis je vois pas, hein?? !!!"

Bon déjà, pour voir, faudrait que j'arrête de fermer les yeux quand je vais au sauna, mais en même temps, ça fait partie intégrante de mon plaisir, de ne pas voir ce qui se passe et de me contenter de ressentir. Peut être vous en parlerai je un jour plus en détail...

En plus, j'ai du coller une pression a ce pauvre Bob telle qu'au lieu de se retrouver à prendre du plaisir dans un lieu sympathique, il s'est transformé en "Rock star Bodygard", gros vigile musclé et sans sourire, imperturbable visage tendu au regard qui balaye la foule sans arrêt, et qui vous tape sur la tête quand vous vous approchez trop près de Lorie à la sortie de la MJC de Fourmand-les-Hameleaux.

Lorsque vous vous mettez en couple et que vous vous jurez une fidélité inébranlable, passé les 3 mois légaux et les test de vérification nécessaires, vous pouvez vous passez de préservatifs.

Quand en plus votre partenaire sexuel vous promet une vie a deux, vous vous dites que vous n'avez plus jamais à vous angoissez sur les sujet "maladies sexuellement transmissibles", et a priori, vous avez a peu près raison. On peut en effet espérer que votre conjoint(e), même si il est un queutard spécialiste du formule 1 et autre novotel, aura la présence d'esprit de se munir LUI de protection lors de ses rapports extraconjugaux.

Vous voilà donc tranquille.

A inviter ou a rejoindre d'autres personnes dans des coquineries de groupe, vous vous retrouvez de fait confronté a nouveau a ces problèmes.

Alors que pour moi, l'association n'était plus que : Sexe = plaisir (voire Sexe = reproduction), de nouveau, (merci Dechavanne) me voilà a nouveau face à "Sexe = mort potentielle".

N'étant ni nécrophile, ni autodestructrice, ni masochiste a un degrés élevé, ça ne peut qu'être troublant :

Notion mathématique de base :
A=B
B=C
donc
A=C
________
CQFD

Ceci nous donnerait donc Plaisir = Mort potentielle.

Ceci ne s'applique évidement pas uniquement à ma personne.
Tout être humain en recherche de sexe se trouve confronté a cette équation.

Sauf qu' une personne seule désirant avoir des rapports sexuels sait qu'elle doit se protéger pour arriver à ses fins. Sinon, elle continue avec sa main ou avec Ingrid, sa magnifique poupée gonflable arborant fièrement ses tatouages de résine.

Oui, mais moi, je n'ai a priori pas besoin de ça, pas ce risque à prendre, puisque à la maison, j'ai mon homme, à moi, qui est sain (testé et approuvé) et qui me fait tout ce que j'aime.

Pourquoi alors aller prendre à nouveau le risque de contracter telle ou telle maladie?

ha oui.
Parce qu'il faut que je vous dise...
Le SIDA en plus des ravages qu'il fait mondialement, se targue d'une autre spécificité démoniaque :

Il fait oublier qu'il N'EST PAS LE SEUL TRUC QUE L'ON PEUT CHOPER lors de rapports sexuels.

En effet, naïfs que nous sommes, nous voilà armés d'une collection impressionnante de préservatifs qui dépassent de nos poches, et on se dit, fièrement "Chuis au top la, je risque rien..."

D'abord, la capote, faut la mettre CORRECTEMENT.

Mais surtout, et vu que les rapports sexuels ne se limitent (heureusement) pas a une simple pénétration, il y a plein d'autres cochonneries que l'on peut choper même en ayant mit (correctement) un préservatif au moment de la pénétration proprement dite.

Le fait de pouvoir lécher, sucer, embrasser le sexe d'une femme offerte est en soi très excitant et je le comprend.

Faire de même au travers d'un morceau de latex étirable l'est beaucoup moins.

Une verge turgescente offerte à ma bouche avide (oh que c'est osé...) peut être un délice raffiné.
L'entourer de plastique rend la chose moins glamour et beaucoup plus industriel, sans compter qu'il faut aimer le goût du lubrifiant...

A ma dernière visite de routine chez mon généraliste, je lui ai fait part de nos activités de groupe. Je ne suis pas sure qu'il était plus à l'aise que moi à ce moment là, mais c'est un professionnel, frappé du secret médical, et je ne peux que conseiller a tous les adeptes du libertinage d'en parler à leur médecin.

Il m'a clairement mis en garde sur les maladies et autres parasites, infections et cochonneries diverses et variées qu'il était possible d'attraper, et à l'occasion, me prescrit un test de dépistage du sida, de l'hépatite, etc. pour vérification.

Je me rend bien compte que ce que je vous écrit la n'est ni drôle ni érotique. C'est pourtant une partie intégrante du libertinage et je ne peux faire l'impasse dessus et prétendre que cela n'existe pas et que tout est beau et rose au pays de Candy la sexualité de groupe.

Il est je crois important de savoir ou l'on va et comment on doit y aller et une bonne hygiène de vie comme de sexe vous permettra de profiter pleinement de tout ce que la vie peut vous offrir.

Le risque est là.
Gardez le toujours en tête.
Cela ne veut pas dire qu'il faut renoncer à tout, avoir peur de tout, se cloîtrer ou vivre son expérience de libertinage dans la peur.

Je comprend bien évidemment que le risque puisse en décourager plus d'un(e).
En même temps, n'oubliez pas que traverser la rue en bas de chez vous peut aussi vous laisser totalement paralysé, que les guerres sont à nos portes, que la vache folle nous rendra peut être tous marteau, qu'on finira sûrement tous en alzeimer avancé sans retraite, que le pétrole nous tuera tous, que les réserves d'eau s'épuisent, et que les douces gouttes de pluie qui coulent doucement sur les joues de nos enfants sont acides...

Alors quitte à vivre constamment dans la peur, autant être avertis et autant en tirer quand même un peu de plaisir...

et quoi qu'il en soit : "Sortez couverts"
__________________
EDIT

Bob durant sa lecture de mon billet, me fait très justement remarquer que ce billet lui fait penser à la chanson d'Alpha Blondy commandée par je ne sais plus quel ministère de la santé afin d'inciter les gens et principalement les hommes d'ailleurs, à se protéger durant les rapports sexuels.

La voici donc pour vous :


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